rue ROY
Origine
Anciennement
20 octobre 1834
rue Ramezay,
Données officielles
Cette voie fait partie de l'ensemble de rues dénommées au moment où la succession du notaire Jean-Marie Cadieux (1780-1827) fait lotir sa terre par l'arpenteur Charles Laurier. La succession donne à cette voie le nom de l'épouse, Marguerite Roy (1787-1857). Les rues Rachel et Napoléon portent les noms de la fille et du petit-fils du notaire, alors que la rue Marie-Anne porte le nom de sa belle-soeur. Durant quelques mois, du 29 mai 1911 au 15 janvier 1912, on renomme cette voie rue Ramezay; toutefois, devant les pressions publiques, l'administration municipale revient rapidement à la dénomination initiale. Lorsque la ville entreprend à la fin des années 1980 de repenser la place publique située au sud de la rue Roy, entre les rues Saint-André et Saint-Christophe, elle choisit de conserver le toponyme d'usage lié à celui de la rue qui la borde. Le réaménagement de la place publique est toutefois l'occasion pour l'administration municipale de lancer son tout premier concours d'art public. Afin de rappeler la présence jadis en ce lieu d'un abreuvoir pour les chevaux et de souligner la tranquillité recherchée au sein d'une trame urbaine serrée, on impose les deux thèmes de l'eau et de la tranquillité. Le sculpteur Michel Goulet propose alors aux passants une table-mappemonde nappée d'eau, au centre de la place, et ses chaises singulières, en quête du spectacle de la rue; l'artiste poursuit ainsi la réflexion que lui inspirent ces meubles-fétiches.
Source : LA VILLE DE MONTRÉAL. Les rues de Montréal-Répertoire historique. Montréal, Méridien, 1995, 547 p
Description sommaire de la voie
Cette rue, tout comme la rue Duluth, se termine au Parc Lafontaine. Les deux ont des vocations commerciales, résidentielles et institutionnelles. Contrairement à la rue Duluth, dont la vocation institutionnelle relevait de la communauté juive (en raison de la synagogue Beth Yehuda et de l'école Peretz Schula, la vocation institutionnelle de la rue Roy relevait plutôt de la communauté catholique.

Notes
Au début du 20e siècle, l'édifice institutionnel le plus important est sans doute l'Église Saint-Louis-de-France.Intérieur de l'ancienne Églsie Saint-Louis de France Ancienne Église Saint-Louis de FranceL'édifice original, un magnifique bâtiment (voir photos de l'extérieur et de l'intérieur) est construit en 1897 sur le côté nord de la rue Roy entre les avenues Laval et Hôtel-de-Ville. Au moment où l'église est construite, le quartier est cossu, tel qu'en témoignent les belles demeures habitées par la bourgeoise francophone, construites au 19e siècle sur l'avenue Laval, les rues Saint-Denis et Saint-Hubert et autour du Carré St-Louis. À la suite d'un incendie spectaculaire le 12 janvier 1933, cette magnifique église est entièrement détruite, entraînant la perte d'un joyau architectural unique.
L'Église est reconstruite au coin des rues Roy et Berri. La nouvelle église, ainsi que son imposant presbytère, demeurent un des éléments importants du quartier.
Deux écoles jouxtent ou avaient pignon sur la rue Roy.
École Jean-Jacques-Olier
L'ancienne École Olier occupe le terrain borné par les rues des Pins, Roy, Drolet et Henri-Julien.
Cette école, appelée au début Académie St-Denis, est fondée en 1875 par L.A. Primeau. En 1878, elle se fixe définitivement sur la rue Roy. Alors que son entrée principale donne aujourd'hui sur la rue des Pins, en 1878, son entrée principale, qui " portait fièrement le nom du fondateur du Séminaire de Saint-Sulpice, l'abbé Jean-Jacques Olier (1608-1657) " donnait sur la rue Roy, soit au 216 (voir Paul Wyczynski, Nelligan 1879-1941 Biographie, 2e éd., Montréal, Fides, 1987 à la p. 74).
1966 - Messe dans la ruelleCette école, alors réservée aux garçons, est fréquentée par Émile Nelligan et Hubert Aquin. Elle a été détruite dans un incendie en 1966 et une photo saisissante commémore une messe célébrée dans la ruelle entre les rues Drolet et Henri-Julien à la suite de cet incendie.
Une école portant le nom Jean-Jacques Olier mais d'un style architectural discutable, faisant partie de la Commission scolaire de Montréal, occupe aujourd'hui ce même emplacement.
À la suite de la fusion de l'École Jean-Jacques Olier et de l'École St.-Jean-Baptiste (située plus au nord), une tentative en 2008 pour remplacer ces noms et faire porter par les deux écoles, le nom École Au-pied-de-la-Montagne, engendre une polémique en raison du peu de respect manifesté à l'endroit de l'histoire du quartier. À la suite d'un compromis entre les deux factions, les écoles fusionnées portent aujourd'hui le nom de l'École Au-pied-de-la-Montagne, pavillon Jean-Jacques Olier et pavillon St-Jean-Baptiste.
Académie Saint-Louis-de-France
L'ancienne Académie Saint-Louis-de-France, fondé en 1895 et réservée aux filles, était située au 157-161 de la rue Roy.
L'immeuble est aujourd'hui une coopérative d'habitation.
Une autre institution catholique d'une grande importance, l'Institut des sourdes-muettes, fondé en 1843 par les Sœurs de la providence, occupait un emplacement borné au nord par la rue Roy, bien que l'entrée principale soit située sur la rue Saint-Denis.
En plus de ces institutions, une banque et une caisse populaire sont situées sur la rue Roy. Une succursale, aujourd'hui fermée, de la Banque Provincial se trouvait au 175, rue Roy et le centre de service Saint-Louis-de-France de la Caisse-populaire Desjardins du Mont-Royal se trouve toujours au 745, rue Roy.
Souvenirs de M. Roger (nom d'emprunt)
M. Roger a passé sa jeunesse sur la rue Drolet et il garde des souvenirs très vifs de la rue Roy, entre la rue Saint-Denis et le boulevard Saint-Laurent. En outre, il se souvient que la taverne située depuis un temps immémorial à l'angle nord-est des rues Roy et Drolet, était fréquentée par son père et par plusieurs hommes du quartier (les tavernes étant alors interdites aux femmes). Un boucher hongrois tenait boutique à l'angle sud-est et la mère de M. Roger, laquelle était d'origine française, y achetait des filets mignons à des prix très modiques, car les résidents du quartier n'avaient pas alors l'habitude d'acheter de telles pièces de viande.
Une buanderie chinoise se trouvait à l'angle coin nord-ouest et le propriétaire y vivait avec les membres de sa famille. Entourés de vêtements humides, la famille souffrait de maladies respiratoires. M. Roger se souvient que les vêtements propres étaient emballés avec du papier portant des caractères chinois.
Sa mère lui a dit que deux personnalités du monde artistique, Sita Riddez et Henri Letondal, habitaient au 370 de la rue Roy.
Comparées aux autres maisons sur la rue Roy, celles construites sur le côté sud de la rue Roy entre la rue Laval et l'avenue de l'Hôtel-de-Ville étaient particulièrement belles, car elles faisaient face à l'ancienne Église Saint-Louis-de-France. Il s'agissait d'un endroit prisé, d'où la qualité supérieure de la construction. Suite à l'incendie de l'Église, le père de M. Roger a pris le poste de gardien de nuit dans l'Église brûlé - le seul travail qu'il pouvait trouver durant la crise économique des années 30. M. Roger n'avait alors que neuf ou dix ans et il se remémore avoir accompagné sa mère aux ruines de l'Église afin de porter de la nourriture à son père. La nuit était très froide et son père avait pris refuge dans un gros coffre d'outils. M. Roger a gardé un très vif souvenir de cette scène nocturne parmi les ruines de ce magnifique bâtiment.
1943 Ancien magasin TuckerÀ l'angle nord-ouest de l'intersection des rues Roy et De Bullion se trouvait l'ancien magasin Tucker, où il était possible d'acheter des animaux vivants, dont des poules et des lapins. Moyennant un supplément, M. Tucker acceptait d'abattre et de dépecer l'animal. M. Roger étant artiste, il aimait beaucoup ce coin car tout y était croche - tant l'édifice (aujourd'hui démoli) que les poteaux de téléphone! En 1943, alors qu'il avait environ 19 ans, il a d'ailleurs fait un dessin à l'encre de l'endroit.
Le vieux magasin Tucker, très insalubre, a été démoli il y a longtemps mais M. Roger a pris soins de porter à notre attention que le site est aujourd'hui un petit parc commémorant le journaliste Hirsch Wolofsky, décédé en 1947. Ce dernier a fondé le premier journal yiddish d'envergure au Canada, le Keneder Odler et il a été une personnalité marquante de la communauté juive de l'époque. Un autre petit parc à l'angle nord-ouest des rues St-Dominique et Roy commémore la mémoire de Louis Reitman, fondateur de la société Reitman's, dont les bureaux ainsi que l'atelier étaient situés sur le boulevard Saint-Laurent, à proximité du parc. Ces deux parcs rappellent la contribution de la communauté juive de Montréal, qui a longtemps marqué le boulevard Saint-Laurent et les rues avoisinantes.
1943 angle des rues Roy et Hôtel de VilleD'ailleurs, entre l'avenue de l'Hôtel-de-Ville et le boulevard Saint-Laurent, la rue Roy avait surtout une vocation commerciale. La mère de M. Roger fréquentait la Banque provinciale, située à l'angle coin nord-ouest de l'intersection de la rue Roy et de l'avenue de l'Hôtel-de-Ville ainsi que des magasins plus à l'ouest. Outre le magasin Tucker, on y trouvait la poissonnerie Waldman, toujours située au 76 et le magasin de volailles Zinman.au 106 de la rue Roy (ce magasin s'appelle aujourd'hui Les volailles et gibier Fernando).
Autres souvenirs
Les résidents de longue date se souviennent qu'avant les années 90, la rue Roy avait une allure plutôt triste. Aucun arbre ne la bornait, plusieurs immeubles étaient vétustes et la Place Roy était asphalté, sans plus. Or, la rue s'est considérablement embellie depuis, grâce à un concours particulier de circonstances. Sous cette rue se trouve aujourd'hui un énorme tributaire d'égout qui dessert les rues avoisinantes. L'ancien tributaire, construit fort probablement à la fin du 19e siècle, ne répondait plus aux besoins avec, en conséquence des inondations à répétition dans les caves des maisons, notamment sur la rue Drolet. Deux résidents sont morts lors de la première en 1980 et dans Le Devoir du jeudi 4 septembre 1980, sous le titre "Les fortes pluies sur Montréal ont fait quatre morts" à la page 4, on trouve le paragraphe suivant : Lundi, un homme de 78 ans a succombé à une crise cardiaque alors qu'il s'affairait à assécher son sous-sol envahi par les eaux de pluie tandis qu'un autre individu a été électrocuté par une lampe dans son logis inondé. Dans les deux cas, les victimes habitaient la rue Drolet.
Suite aux pluies diluviennes du 14 juillet 1987, il y a jusqu'à deux mètres d'eau dans certains sous-sols. 1990 - Travaux dans la rue RoyCette quatrième inondation en sept ans suscite une mobilisation générale de la part des résidents situés au nord de la rue Roy. C'est trop. Il s'ensuit une période de discussions intenses avec la Ville, qui accepte d'accélérer des travaux de reconstruction du tributaire d'égout de la rue Roy. Ces travaux débutent en 1989 pour se terminer en 1990. En même temps, la Ville en profite pour embellir la rue : c'est alors que des arbres sont plantés en bordure et que la Place Roy reçoit l'œuvre d'art signé Michel Goulet. Plus tard, durant les années 2000, le parc pour enfant situé sur la rue Roy, entre les rues Rivard et Berri, est rénové avec beaucoup d'imagination. Il porte aujourd'hui le nom de Parc Thérèse Daviau.
Conclusion
Tout comme les autres rues du Plateau Mont-Royal, la rue Roy a évolué. Elle s'est embellie et il est aujourd'hui agréable de s'y promener, soit pour se rendre au boulevard Saint-Laurent ou vers la rue Saint-Denis, soit pour balader dans le Parc Lafontaine. La rue conserve toujours ses vocations résidentielles, institutionnelles et commerciales et plusieurs des institutions construites à la fin du 19e et au début du 20e siècle demeurent, bien qu'elles aient parfois changées de forme ou de vocation.
Auteur : AC Grenon
Adresses d'intérêt patrimonial
 
 
 
Iconographie
2008 - Magasin insolite
Mis à jour le : 19-feb-15
© 2007 SHP - Société d'Histoire du Plateau-Mont-Royal